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Juridique et Cgt.

Juridique et Cgt.

En général, le juridique, les retraités, la Cgt, les transports urbains et autres transports dans les Alpes Maritimes.


L'Irlande dans les griffes du FMI

Publié par cgtst2n sur 27 Novembre 2010, 11:56am

Catégories : #Interprofessionnel

L'Irlande dans les griffes du FMI et des marchés
Emplois publics, salaires et aides sociales à 
la moulinette : 
telle est la recette imposée par Bruxelles et Washington, en contrepartie d’une « aide » de 90 milliards d’euros.

Et de quatre ! Après la Hongrie, la Roumanie, la Grèce, c’est au tour de l’Irlande de tomber dans les griffes du FMI et l’UE. Dans l’incapacité de freiner la déroute des banques irlandaises, qui ne devaient leur survie que grâce à la BCE – banques déjà renflouées par l’État irlandais à hauteur de 50 milliards d’euros , le gouvernement du premier ministre Brian Cowen s’est résolu à recourir à l’aide de l’UE et du FMI.

 

 Dimanche, dans la soirée, il avait indiqué que son gouvernement allait annoncer un plan d’austérité sur quatre ans visant à économiser 15 milliards d’euros d’ici à 2014, soit 10 % du PIB (produit intérieur brut) afin de ramener le déficit public de 32 % à 3 % du PIB en 2014, conformément aux exigences de l’UE. De son côté l’Union européenne, qui ne s’est pas fait prier pour tendre la main à l’un de ses États membres en difficulté, a expliqué que l’aide à l’Irlande « est justifiée afin de sauvegarder la stabilité financière de l’UE et de la zone euro ». Le montant de l’aide, plutôt du sauvetage des banques irlandaises, devrait être compris entre 80 et 90 milliards d’euros.

 

Restructurer les banques irlandaises

 

Prévoyant et sans attendre que le gouvernement irlandais recoure à l’aide des institutions financières internationales et européennes, des experts du FMI et de l’UE étaient déjà à pied d’œuvre à Dublin dès jeudi. Première tâche : restructurer les banques irlandaises, à savoir leur faire subir une cure d’amaigrissement, avant de les recapitaliser. Le reste, c’est connu, ce sera aux Irlandais de payer les conséquences de la politique du tout libéral des dirigeants de leur pays. Le plan d’austérité sera, de ce fait, socialement douloureux pour les couches moyennes et populaires. Nouvelles baisses des salaires des fonctionnaires, réduction du salaire minimum, des allocations familiales et des indemnités aux demandeurs d’emploi.

Cette cure d’austérité s’ajoute ainsi à celles déjà mises en œuvre entre 2008 et 2009, qui s’étaient traduites par des baisses de salaires de 5 à 15 %, une réduction de 5 % des allocations familiales et de chômage, une hausse de l’impôt sur le revenu (plus de 2 milliards d’euros) et de la fiscalité sur les carburants. Ces mesures s’ajoutaient à une série de coupes budgétaires de 3,5 milliards d’euros en janvier 2009, puis de 4 milliards d’euros en juillet 2009, coupes qui entraîneront entre 2009 et2 010 la suppression de 120 000 emplois publics sur un total de 320 000 fonctionnaires !

Fini donc la période où le «Tigre celtique » – surnom donné à l’Irlande en raison d’une croissance de 7 % du PIB en moyenne entre 2000 et 2007, tirée par l’expansion du marché immobilier et une demande intérieure stimulée par un facile accès au crédit, mais qui, à la longue, ont fini par créer un phénomène de surendettement des ménages. Et quand l’Irlande a été rattrapée à son tour par la crise financière, la chute a été brutale : entre 2008 et 2010, le PIB a chuté de 13%, l’investissement direct de 52%, la consommation de 15%, tandis que le taux de chômage (5% en 2008) a grimpé à 14% en 2010. La potion administrée par le FMI et l’UE risque de mal passer. Au plan politique, le gouvernement est sous la menace d’une implosion à la suite de la décision des Verts d’appeler à des élections anticipées, tandis que les syndicats (lire page 4) ont d’ores et déjà prévenu d’un risque de mouvements sociaux.

 

1. Pourquoi l’euro est-il au bout 
du rouleau ?

 

La monnaie unique européenne paye de terribles « défauts de naissance », selon l’expression utilisée par le syndicat allemand DGB, réagissant au printemps à la crise grecque, première secousse d’un séisme qui menace bel et bien aujourd’hui d’emporter l’euro. Car il y a eu duperie sur la marchandise dès le départ. La monnaie unique européenne n’a jamais été un vrai instrument de coopération monétaire au service des peuples de l’UE. Elle a été créée pour drainer vers les places financières européennes les capitaux dont les groupes les plus puissants désiraient s’emparer pour favoriser leur expansion globale. C’est pourquoi son fonctionnement obéit strictement aux critères définis par les marchés financiers. C’est la raison pour laquelle la lutte contre l’inflation,  cette ennemie des détenteurs de rentes puisqu’elle menace de ronger leurs placements – est le seul véritable objectif assigné à la Banque centrale européenne (BCE).

Non seulement l’euro s’est ainsi inscrit dans la financiarisation globale qui a débouché sur le krach de 2007-2008, mais il l’a nourrie. L’Irlande fut très longtemps présentée comme le modèle de la zone euro. Car le « Tigre celte », à force de dumping fiscal et de dérégulation de son secteur bancaire, attirait sur son territoire de formidables quantités de capitaux, venus pour beaucoup d’outre-Atlantique. Jusqu’à l’éclatement des bulles qui se sont formées sur les bourses ou sur l’immobilier. Et le pays, utilisé comme une sorte de porte-avions des produits made in USA dans la mer du grand marché européen, a pris de plein fouet l’onde de choc de la crise. Au point de faire émerger un paysage rappelant celui qui s’est vite dessiné aux États-Unis. Ainsi, l’un des postes qui pèse le plus sur les banques irlandaises en capilotade est celui des pertes sur les prêts hypothécaires. Et dans certaines banlieues, les saisies sur les logements sont massives, comme outre-Atlantique. Et le chômage explose, touchant désormais officiellement 14 % de la population active.

 

2. La tentation autoritaire

 

Dans le cas de l’Irlande, la seule issue possible à la crise, aux yeux des dirigeants européens, serait de tailler à la hache dans les dépenses publiques et de restructurer le secteur bancaire afin de retrouver rapidement des niveaux élevés de rentabilité financière. En dépit des souffrances populaires programmées. D’où le placement du pays, comme de la Grèce quelques mois plus tôt, sous tutelle, de fait, du FMI et de la Commission. Et, plus généralement, la volonté de resserrer le cadre des normes monétaristes sur tous les autres pays de la zone euro, sous couvert d’éviter de nouvelles crises.

Cette dérive antidémocratique est déjà implicite dans les statuts de la BCE, dont la sacro-sainte indépendance est un moyen de maintenir sa gestion loin des élus et des préoccupations populaires. Avec la crise, elle prend une dimension renforcée. Le Conseil européen vient de décider, à la fin du mois d’octobre, de placer sous surveillance préalable les budgets des États membres, en recourant au besoin à un arsenal de sanctions envers les contrevenants. Berlin a fait le forcing pour obtenir ce « pacte de stabilité renforcé », soucieux de préserver l’hégémonie de ses groupes sur une zone euro dont les critères ont été fortement inspirés, en son temps, par la Bundesbank. Paris suit.

Au Portugal, réputé être le lieu où se déclenchera la prochaine crise, des interrogations se sont fait jour à droite sur la possibilité de « résoudre en démocratie », selon les mots du sociologue Antonio Barreto (1), la crise politique provoquée par le recours à un plan de rigueur sans précédent. La même tentation autoritaire est présente dans le rapport Camdessus (2), destiné à justifier en France l’inscription d’un équilibre budgétaire structurel dans la Constitution. Ce qui revient à inscrire l’austérité dans le marbre.

 (1) In le Monde du 22novembre.

(2) Rapport remis fin juin par Michel Camdessus au premier ministre 
sur la règle constitutionnelle d’équilibre des finances publiques.

 

3. Le besoin d’une tout autre coopération monétaire européenne

 

La fuite en avant préconisée par les dirigeants européens est – outre la programmation de cette terrible régression démocratique , le plus sûr moyen de provoquer une implosion de la zone euro. Car, après la Grèce et l’Irlande, d’autres crises menacent, au Portugal ou en Espagne. 
Loin de surmonter les déséquilibres au sein de la zone euro, les « purges » annoncées vont les renforcer. Athènes vient de revoir ses prévisions de croissance nettement à la baisse pour 2011, anticipant une récession de - 3 %. L’Irlande est sujette à un retour du phénomène de l’émigration, comme aux périodes les plus noires de son histoire, cette fois de ses meilleurs cadres. Et l’écart de développement qui se creuse depuis cinq ans de nouveau entre le Portugal et les grands pays de l’UE ne peut que s’amplifier sous les effets des coupes annoncées par Lisbonne. C’est dire combien s’entêter sur cette voie, c’est aller immanquablement au-devant de nouvelles crises.

L’euro tel qu’il est, otage des marchés financiers, est condamné. C’est cela qui transpire dans la crise d’aujourd’hui. Au point qu’un éclatement de la zone euro est tout sauf inenvisageable. Diverses hypothèses circulent désormais ouvertement. Un pays en crise pourrait être contraint de jeter l’éponge et se résigner à sortir de la monnaie unique (un ministre portugais a récemment évoqué cette perspective). Plus probablement, à terme, un groupe d’États « riches » de l’ex-zone mark, autour de l’Allemagne, pourrait décider que le coût du fonds de secours pour sauver l’euro serait devenu insupportable...

Une telle issue serait encore plus dommageable pour les peuples que les crises actuelles car elle ferait surgir une course folle aux dévaluations compétitives et créerait de terribles tensions sur le continent européen. La nécessité d’une tout autre coopération monétaire européenne ne s’est donc jamais manifestée avec autant d’urgence.

 

4. Le défi d’un autre euro émerge jusqu’au cœur des résistances populaires

 

L’emploi est devenu la préoccupation majeure des Européens. En France, il a été autant l’une des aspirations du mouvement social que l’un de ses arguments clés contre la remise en question de la retraite à 60 ans. Dans les nombreux pays où les résistances aux plans d’austérité s’expriment avec de plus en plus de force, de la Grèce à l’Irlande en passant par le Portugal, en grève générale demain, l’exigence d’une autre politique du crédit grandit. Les taux d’intérêt très bas pratiqués aujourd’hui par la BCE ne bénéficient qu’aux banques et aux grands groupes qui utilisent, le plus souvent, cet argent bon marché pour des opérations rapidement rentables, entendez le plus souvent carrément spéculatives. Et, dans le même temps, l’accès au crédit reste très difficile pour les PME ou les particuliers.

Le besoin de remettre enfin la politique monétaire à l’endroit au service de l’emploi et du développement pour combler les déséquilibres européens et non les creuser comme aujourd’hui se fait donc sentir comme jamais.

En Allemagne, le syndicat DGB a abordé cette question pour la première fois dans une résolution rendue publique au printemps, en pleine crise grecque. Ne se contentant pas de dénoncer ces « défauts de naissance de l’euro » évoqués plus haut, il avance l’idée d’un financement des États qui leur permette d’échapper peu à peu à la férule des marchés financiers. Il propose de créer une banque publique européenne qui permettrait aux États membres d’emprunter à bon marché, à un taux voisin du 1 % pratiqué par la BCE.

En France, l’idée d’un crédit sélectif, avancée de longue date par les économistes communistes, peut rencontrer aujourd’hui un écho considérable. Il s’agirait, rappelons-le, de favoriser l’accès au crédit à des taux très faibles, voire bonifiés, pour les investissements porteurs de création d’emplois, forts en dépenses de recherche ou de formation. Et de pénaliser au contraire les opérations spéculatives en les affublant de taux très élevés, voire prohibitifs.

À l’inverse des préoccupations régressives de l’UE, ces démarches neuves supposent, on l’aura compris, une nouvelle qualité de la démocratie en Europe, des questions comme la monnaie ou le crédit devenant enfin l’affaire des élus, des syndicalistes, des salariés, des citoyens.

Hassane Zerrouky, Bruno Odent

 

Aprés l'effort le réconfort, voyage en Irlande

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