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Juridique et Cgt.

Juridique et Cgt.

En général, le juridique, les retraités, la Cgt, les transports urbains et autres transports dans les Alpes Maritimes.


Délégation de la Cgt au Japon 3 articles.

Publié par cgtst2n sur 28 Septembre 2011, 19:07pm

Catégories : #La Cgt


1 ) Lettre de Tokyo 27 septembre 2011.

 

Réunions avec deux fédérations de la Confédération Zenroren, la fédération des transports et de la construction CTG et la Fédération des personnels enseignants et non enseignants Zenkyo.

 

Ensemble, nous avons fait le point sur la situation dans les préfectures sinistrées (Awate, Sendai et Fukushima) et sur l’utilisation des fonds recueillis lors de l’appel à solidarité pour le Japon, de la CGT et de l’Avenir social, suite aux catastrophes naturelles et nucléaires du 11 mars 2011 (la reconstruction du siège de la CTG à Sendai et la fourniture de manuels scolaires à deux écoles primaires d’Ishinomaki).

 

Les discussions avec les militants du syndicat Zenroren montrent qu’ils restent très marqués par la catastrophe. Ils sont préoccupés par la lenteur et les choix du gouvernement et tous demandent un arrêt progressif du nucléaire civil. Solidaires, les adhérents ont participé bénévolement au nettoyage, à la réorganisation de la vie dans les trois préfectures pendant leurs congés d’été.

 

Par exemple, cela a été le cas de 1800 enseignants.

A Tokyo, l’éclairage public et publicitaire a été réduit ainsi que le nombre de machines utilisées pour la vente de billets dans les transports urbains, dans un souci d’économie d’énergie et la ville nous a semblé sombre comparée aux images connues par le passé.

 

La centrale de Fukushima Daichi alimentait toute la région de Tokyo. Les syndicats Zenroren ont insisté sur leur inquiétude pour la santé de la population et des salariés de la région sinistrée et au-delà.

 

En effet, tant qu’il n’y aura pas de sarcophage étanche sur la centrale, les fuites radioactives vont continuer dans l’air, dans le sol et dans l’eau (les rivières, les nappes phréatiques et l’océan).

 

Les organisations du Zenroren continuent la campagne de solidarité par exemple le Comité Jeune à l’initiative de la vente de bracelets blancs et noirs …

 

Pour la délégation de la CGT, Jacques Vallet et Mariannick Le Bris

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Délégation au Japon Lettre de Tokyo

 

2) lundi 3 octobre 2011, 

 

1er octobre 2011. Réunion avec ODAGAWA, vice-président du Zenroren et FUSE, directeur du Département international du Zenroren.

C’est de la Baie de Tokyo ou de la principale rivière de la ville, la Sumida, que l’on se rend vraiment compte des limitations d’utilisation de l’éclairage public, domestique et économique. Dans certains quartiers d’affaires, pendant le week-end, on ne voit qu’une ou deux lumières et les éclats rouges des éclairages extérieurs destinés à matérialiser les tours pour les hélicoptères.

Du premier bilan avec la direction du Zenroren, ce qui ressort le plus c’est l’émotion face à la solidarité de la CGT et de l’Avenir social mais aussi la communauté de destins et d’intérêts entre les travailleurs japonais et français comme entre tous les travailleurs du monde. La politique d’austérité et de réduction des salaires des fonctionnaires pèse lourdement.

Après l’été et alors qu’une première réduction avait été appliquée, un nouveau texte de loi proposant 7,5% de réduction des salaires de tous les fonctionnaires d’états et des territoires attend d’être présenté devant le Parlement.

Par ailleurs, dans les quartiers du centre de Tokyo sont apparus les premiers SDF vendant des journaux dans le cadre d’associations.

Les quartiers les plus populaires montrent bien une augmentation des inégalités et d’une certaine pauvreté et bien que très japonais dans la propreté et l’organisation, on sent très fortement la tristesse.

 

Partout, des jeunes, parfois très jeunes, ayant terminé leurs études secondaires (les universités sont très chères) ou supérieures ou travaillant à temps partiel pour payer ces mêmes études occupent des petits boulots dont certains, nombreux consistent à « appeler » le client d’une voix aiguë pour être entendu.

Les personnes âgées et parfois très âgées travaillent aussi dans les mêmes conditions car les retraites sont très insuffisantes pour beaucoup d’entre eux. Les jeunes ont les retrouvent aussi dans le quartier de Shibuja et dans les rues les plus à la mode où tous les styles sont présents, lolita, gothique, mélange des deux ou autres.

Sur les trois projets en communs du Zenroren, de la CGT et de l’Avenir social, deux sont réalisés ou bien avancés : l’achat de la chaîne spectrométrique pour le Centre de recherche de l’Alimentation et celui des manuels, dictionnaires et livres pour les deux écoles primaires d’Ishinomaki.

 

En ce qui concerne l’aide à la reconstruction du local syndical du syndicat des travailleurs des transports et de la construction de la préfecture de Miyagi à Sendai, les délais seront plus longs.

En effet, entre la résistance du représentant du gouvernement dans la préfecture, une préfecture gérée par la droite, le besoin de stabilisation des terrains et la présence de Yakusa, la mafia japonaise, dans le secteur de la construction, la direction du Zenroren de la préfecture est très prudente.

 

Ils craignent que les dons de plusieurs dizaines de milliers de Yens aux sinistrés ne soient pas totalement gratuits pour l’avenir.

D’ailleurs, dans les premiers appels d’offres dans les deux autres préfectures (Iwate et Fukushima), les grandes entreprises qui ont répondu ont souvent des sous-traitants liés aux Yakusa et aux principaux d’entre eux.

Un problème et une inquiétude de plus pour la population, les salariés et les syndicalistes.

Il ne faut cependant pas garder à l’esprit une image complètement noire de la situation au Japon.

Tous font montre d’un très bon moral et de beaucoup de force pour lutter.

Le temps passant, les projets de vie reprennent souvent grâce aux enfants mais aussi à la reprise de la production notamment dans l’industrie automobile.

Mariannick Le Bris

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Délégation au Japon

La CGT au Japon pour la 12ième Convention de JTUC - Rengo

3 ) mardi 4 octobre 2011,

 

 3 octobre 2011. Premiers contacts avec les dirigeants anciens et actuels de Rengo.

Les premiers invités étrangers arrivés étaient reçus ce soir par la direction actuelle et précédente de JTUC–Rengo (Confédération japonaise des syndicats–Rengo).

 

Une trentaine d’organisations essentiellement d’Asie ont répondu à l’invitation et la plupart d’entre nous irons rencontrer les syndicats Rengo de la préfecture de Miyagi et des zones sinistrées à la suite de la Convention.

Avec plus de 6,5 millions d’adhérents, Rengo est la première organisation syndicale japonaise.

Ses adhérents sont des salariés des grandes entreprises, du public, de ministères et de collectivités territoriales ayant des CDI.

Le projet de document d’orientation de la Convention appelle à l’organisation des travailleurs précaires pour améliorer leurs conditions de travail (travailleurs de la sous-traitance, en contrat à durée déterminée ou intérimaires en augmentation constante).

Il s’agit aussi de faire œuvre pédagogique et de montrer que les conditions de salaires et d’emploi des travailleurs en CDI et précaires sont liées. La solidarité entre travailleurs qui se côtoyaient peu les travailleurs de la sous-traitance, en CDD ou les intérimaires étaient dit « invisibles »- est un des grands défis de Rengo.

Aujourd’hui, la précarité ne cesse de s’étendre au Japon touchant surtout les jeunes notamment ceux qui sont à la recherche d’un premier emploi, les femmes, les plus de 50 ans et, là encore les femmes en plus grand nombre, ainsi que les retraités. Une société d’inégalités qui continue de se développer avec des jeunes qui tardent à quitter le logement familial, à s’installer en couple et à avoir des enfants. La diminution de la population active sera une des premières préoccupations de la convention.

Le contraste est très fort entre les jeunes précaires très visibles dans le commerce et une société de l’hyper consommation.
Les SDF sont de moins en moins une présence anecdotique. Dans des quartiers de grands magasins élégants et luxueux du centre ville comme Ginza ou Shinjuku, à plusieurs reprises, j’ai vu des SDF installés sur les trottoirs ou dans les coins des buildings ou des entrées de métro, avec des cartons pour se protéger.
Il y a deux ans les soupes populaires étaient réapparues dans les rues de Tokyo et le premier « bidonville » dans un parc de la ville se faisait discret.

Un des grands dépaysements est la propreté partout et la courtoisie dans un pays pourtant violent pour les travailleurs. Dans quelques jours, une conférence s’attaquera aux problèmes de karochi, (morts au travail et par excès de travail).

Dans le métro, aux heures de pointe, si on prend la peine de regarder attentivement les passagers, tous ne portent pas costumes et cravates et beaucoup ont aux pieds des chaussures qui ont connu des jours meilleurs.

Parfois, entre deux tours neuves ou très bien entretenues, des petits ateliers à ras de terre ou presque, mécanique automobile par exemple- dont les installations sont très éloignées des superbes robots de déplacement individuel urbain que Toyota montre à l’envie et sur circuit intérieur, dans son plus grand magasin d’exposition situé dans une zone gagnée sur la mer dans la Baie de Tokyo.

La déflation, la dette, le gel ou la baisse des salaires, les conditions de travail détériorées dans certains secteurs, l’énorme effort de reconstruction nécessaire, voilà le cadre dans lequel va se tenir la 12° Convention biennale de Rengo. Il faut y ajouter l’enfermement des politiques et des directions de grandes entreprises comme Tepco dans le silence voire le mensonge au sujet de l’accident et de la situation de la centrale nucléaire de Fukushima-Daishi et de la sécurité alimentaire.

La situation difficile du pays ne réussit pas à mettre à l’ordre du jour, sinon l’unité d’action syndicale, au moins de premiers contacts auxquels Rengo résiste fortement.

Vingt-deux heures, les grandes publicités se sont éteintes alors qu’avant la catastrophe nucléaire, elles restaient allumées et animées toute la nuit.

 

Étrange nuit tokyoïte pour ceux qui ont connu la ville auparavant et grand saut dans un monde différent après la semaine vécue avec le Zenroren.

 

Mariannick Le Bris

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