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A quatre jours du premier tout des élections départementales, la CGT a publié, mercredi 18 mars en fin de journée, une déclaration très violente contre le Front national. Dans ce texte intitulé "l'imposture sociale et le racisme de l'extrême droite sont des poisons pour le vivre ensemble", la centrale syndicale dirigée par Philippe Martinez affirme que "l'extrème droite en général et le FN sont un poison se distillant dans notre corps social et brisant les fondations de notre république sociale". "Les organisations professionnelles et territoriales de la CGT avec d'autres organisations syndicales, affirme la déclaration, luttent depuis toujours contre les idées racistes, xénophobes et réactionnaires de l'extrème droite, qui n'ont qu'un seul but: diviser les salariés, affaiblir leurs droits, pour favoriser le grand patronat. Les attaques du patronat et des libéraux vis-à-vis du monde du travail renforcent l'aigreur de nombreux salarié(e)s, privé(e)s d'emplois et retraité(e)s confrontés dans leur quotidien à une crise sociale grave, à se tourner vers les partis politiques d'extrème droite et en particulier le FN".
La CGT qui s'abstient de toute mise en cause directe du gouvernement et ne mentionne pas davantage la journée interprofessionnelle d'action du 9 avril contre "l'austérité" - à laquelle participeront FO, la FSU et Solidaires -, souligne que "les solutions ainsi que les moyens existent pour faire reculer les idées d'extrême droite dans notre société et le vote FN aux différentes élections. Cela passe par une autre répartition des richesses crées par le travail permettant de supprimer les inégalités sociales et le repli sur soi. Cette répartition des richesses est nécessaire pour augmenter le pouvoir d'achat".
Cette déclaration de guerre de la CGT au Front national, au nom d'une volonté affichée de "vivre ensemble" intervient alors que depuis son élection, Philippe Martinez s'inquiète de la pénétration des idées du Front national au sein même du monde ouvrier et auprès de sympathisants, voire de militants, de la centrale cégétiste. Le 17 février, lorsqu'il a été reçu pour la première fois par François Hollande, le secrétaire général de la CGT a consacré le premier quart d'heure de l'entretien à exprimer ses préoccupations sur la montée du FN. Il s'est particulièrement alarmé de l'exploitation faite par le FN de la question des salariés détachés, évoquant notamment les distributions de tracts par des militants frontistes devant des entreprises où il y a beaucoup de salariés détachés, comme à Saint-Nazaire, pour "jeter de l'huile sur le feu" et "semer la division". "On leur avait promis lechangement qui n'arrive pas, avait-il commenté devant la presse le 5 mars, et forcément ils font de mauvais choix".
Cette inquiétude est partagée par Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Dans une interview aux Echos, lundi 16 mars, il a toutefois lancé un avertissement à peine voilé aux organisateurs de la journée du 9 avril: "Pour contrer la montée du FN, nous devons dire haut et fort que nous n'avons pas la même vision du progrès social, mais aussi faire attention à ne pas nourrir la désespérance sociale en affirmant que tout va mal partout". "Sauver des emplois chez Peugeot Motocycles, avait-il ajouté, permettre aux salariés en insertion d'avoir une complémentaire santé, fusionner la prime pour l'emploi et le RSA dans un dispositif ouvert aux jeunes, durcir les sanctions contre les abus de salariés détachés, c'est combattre le FN". Laurent Berger s'était démarqué, dans ce même entretien, de la CGT et de FO, en affirmant qu'"il y a de la rigueur, des gens en bavent mais il n'y a pas d'austérité en France. (...) La France n'est pas l'Espagne, le Portugal ou la Grèce. Le problème de la France, c'est le poids des inégalités".